Zoom sur Jean-Marie Claeys, diacre et aumônier de prison
Comment et quand êtes-vous arrivé à Saint Victor de Cessieu ?
Originaire du Nord, j’ai travaillé en tant que directeur d’Unité de Production de semences de céréales dans l’entreprise familiale de 1981 à 1990 dans la Bresse. Suite à un déclin de l’activité, j’ai connu une période chômage.
En 1990, je suis arrivé dans notre village avec ma famille et nous y avons connu les chutes de neiges exceptionnelles et les inondations. J’ai exercé pendant deux ans dans le secteur des machines agricoles. Puis, j’ai choisi de travailler dans le domaine social. J’ai alors intégré la Fondation d’Auteuil à La Côte Saint André pour assurer la comptabilité mais aussi l’animation pastorale auprès des jeunes.
Etant diacre, je suis devenu aumônier régional en 2013 à la prison de Saint-Quentin Fallavier apportant alors un soutien aux personnes détenues. Cette expérience m’a amené avec d’autres en 2017 à la création de l’association « La Barque 38 » qui a pour objectif de restaurer le lien social par l’accompagnement et le suivi des personnes détenues. C’est pour les sans soutien, les sans argent, les sans rien que l’association a vu le jour.
Pouvez-vous nous présenter « la Barque 38 » ?
Lors de permissions de sortie pour une raison définie par l’autorité judiciaire, nous accompagnons les personnes détenues vers les villes, les gares, les centres d’insertion, le pôle Emploi, de potentiels employeurs, les hôpitaux, les EHPAD, etc…. Ces prises en charge s’adressent à ceux qui ne peuvent pas s’appuyer sur un entourage social ou familial.
Dans le cadre de cercles de soutien, nous accompagnons également des personnes en semi-liberté en marge de la vie. Une formation spécifique nous permet de créer un climat de confiance afin d’orienter les personnes en grande précarité vers plus d’autonomie.
Ces deux actions montrent aux personnes souhaitant se réinsérer qu’elles ne sont pas définitivement rejetées et qu’un avenir est possible. Il est important même si cela parait compliqué de comprendre qu’une société doit prendre en compte ses prisons. Les détenus en sortiront et il est nécessaire de les aider à se réinsérer.
Vingt bénévoles sont impliqués dans cette association et nous en cherchons d’autres car ces personnes, formées par les services d’insertion, sont un relais important permettant au juge d’application d’octroyer plus facilement une permission de sortie. Nous recherchons des bénévoles pour accentuer nos actions. N’hésitez pas à nous contacter.
En partenariat avec l’association des Amis de Saint-Jacques, nous proposons également aux personnes détenues des marches sur le chemin de Compostelle. Ces sorties pédestres ont pour but de reconnecter la personne avec le monde extérieur et de lui permettre de sortir momentanément de l’univers carcéral. Cette aventure conduit certains d’entre eux à une reconstruction humaine et spirituelle.
Etes-vous actif dans d’autres associations ?
Effectivement et cet article me permet d’évoquer « les Joëlettes du Cœur 38 » dont le but est la coopération et l’entraide entre particuliers et des associations en direction des personnes à mobilité réduite.
Une joëlette est un fauteuil de randonnée conçu à la fois pour des promenades et des utilisations sportives. Mais pour qu’il trouve toute son utilité, plusieurs accompagnateurs sont indispensables.
Des sorties et des évènements sportifs ont déjà été organisés et le lien humain qui en émane est une vraie source de joie. Si vous avez envie de cette aventure, contactez l’association, vous y serez accueilli chaleureusement. Les bonnes volontés sont les bienvenues.
Nous avons le projet de mixer la Barque 38 et les Joëlettes du Cœur en proposant à des personnes détenues d’accompagner des personnes à mobilité réduite.
L’association « A la croisée des chemins » à Saint-Chef est également très intéressante car elle est dédiée aux patients avec beaucoup de bienveillance.
Il s’agit d’un centre de soins d’accompagnement soucieux de préserver la dignité humaine. Des infirmières formées à ce type de soins et à la connaissance des plantes médicinales prennent en charge le patient :
- Massages doux et attentifs
- Enveloppements
- Bains thérapeutiques
Ce « prendre soin », soucieux de protéger la dignité humaine se développe progressivement en structures de soins (EHPAD, foyers, hôpitaux…) et est dédié aux personnes en situation de handicap, atteintes de maladies graves, en fin de vie mais aussi aux aidants, aux personnes en difficulté sociale ou aux plus démunis.
Que vous apporte votre investissement dans le tissu associatif ?
Donner, c’est aussi recevoir. Cela donne du sens à la vie.