Zoom sur Blandine Salamand, jeune agricultrice du village.
Blandine, vous avez 26 ans et vous êtes agricultrice. Quel a été votre parcours ?
Issue d’une famille d’agriculteurs par mon père et par ma mère, je suis née à Saint-Victor de Cessieu et j’y ai grandi dans l’exploitation agricole de mes parents chemin de Gourgeolas devenu depuis peu chemin de Châtaigniers. Cette exploitation appartient à ma famille depuis quatre générations et pas question que cela s’arrête parce que mes parents ont eu deux filles.
Avant même de savoir marcher, mon père m’emmenait avec lui pour tous les travaux de la ferme et j’ai rapidement adoré cela.
Ecole maternelle et primaire dans le village, collège Les Dauphins puis Lycée agricole à la Motte-Servolex et enfin un BTS Production Animale à la Côte Saint André : des études avec un seul objectif d’abord aider mes parents puis reprendre l’exploitation familiale, je suis très attachée à notre histoire et à mes racines. Je souhaite poursuivre ce que mes arrière-grands-parents, mes grands-parents et mes parents ont construit. Je suis la première femme dans la lignée. Ma petite sœur, quant à elle, est secrétaire dans une clinique vétérinaire dédiée au domaine rural ….
Mes journées sont bien remplies et je ne m’ennuie jamais. J’aime ma liberté dans la gestion de mon temps et la flexibilité de mon emploi du temps mais ce métier n’est pas facile tous les jours et je finis souvent épuisée.
Notre exploitation est une ferme bovine avec 230 bêtes : une partie pour la production de lait (fruitière de Domessin pour la fabrication de la raclette), l’autre partie pour la viande de boucherie.
Depuis toujours, mes deux passions sont l’agriculture (plus particulièrement l’élevage) et le football. Je suis polyvalente. Tout ce que mon père fait, je suis capable de le faire aussi mais nous nous sommes réparti le travail : moi, pour l’élevage et lui pour la culture. J’aime bien partir en tracteur l’après-midi mais le matin et le soir, j’aime retrouver mes vaches. Je les connais toutes ainsi que leur histoire familiale. Début janvier, nous avons vu naître des triplés ! Phénomène rare et riche en émotions !
Après avoir eu un statut d’aide familiale dès l’âge de 16 ans, je suis aujourd’hui salariée. Notre entreprise est viable car nous faisons tout nous-mêmes (et ce, depuis la création de l’exploitation). Nous ne faisons appel à des prestataires qu’occasionnellement.
Je ne me projette pas trop sur du long terme car nous sommes tributaires des fluctuations des cours du lait, de la viande, des achats type engrais, carburant, matériaux…..ainsi que des caprices de la météo. A tout cela, il faut ajouter les imprévus car des accidents avec des blessures corporelles peuvent survenir et tout désorganiser.
Intéressée par la génétique, j’ai suivi une formation pour inséminer les vaches. Le but est de progresser pour obtenir des vaches rentables et qui vieillissent bien. Le bien-être animal est primordial pour moi dans la limite de mon métier. Et si un jour, je peux emmener une de nos vaches au salon de l’agriculture je serai comblée !
Malgré mon investissement dans la ferme, j’ai quand même pu m’épanouir dans un autre domaine : le football !!! J’ai commencé à 7 ans ici dans le village à la Vallée de l’Hien puis à Cessieu, seule fille parmi les garçons, je garde d’excellents souvenirs de cette période. Puis lorsque la règlementation a changé, j’ai dû intégrer une équipe féminine à Nivolas-Vermelle (à mon grand regret car je préférais jouer avec les garçons) avec laquelle j’ai joué en National pendant 3 ans (mes meilleurs souvenirs…).
Malheureusement, avec le temps, l’équipe s’est dissoute. J’ai donc arrêté le foot mais cela me manque énormément. Je profite de mon temps libre pour soutenir le club du FCVH38.
J’aime également les concours de labour auxquels j’ai commencé à participer à 12 ans. Cela nécessite du matériel spécifique et de l’entraînement. Je suis allée quatre fois en régional et j’espère comme pour le foot arriver en national.
J’ai également passé mon permis poids lourds en 2018. Une corde de plus à mon arc….
Je regrette le manque d’intérêt des jeunes générations pour le monde agricole, en particulier pour l’élevage. Une vague de départs à la retraite se profile et que vont devenir les exploitations sans repreneurs ? C’est un métier passionnant et tellement gratifiant.
Je suis fière d’être agricultrice et encore plus, de pouvoir l’être à Saint-Victor de Cessieu.